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La grande lumière de l'alpha.

Dernière mise à jour : 7 nov. 2023

Depuis près de 10 ans, le programme Un phare dans les ténèbres de l’analphabétisme mené par la Société biblique du Pakistan parvient à changer la vie des pakistanaises chrétiennes. Ce programme apprend aux femmes à lire et à écrire l’ourdou, langue parlée par près de 32 millions de Pakistanais. La plupart des élèves démarrent avec un bon niveau oral, mais sans savoir lire et écrire l’ourdou.


Au Pakistan, le taux d’alphabétisation des femmes est de 64 % – chiffre déjà nettement inférieur à la moyenne mondiale, qui est de 83 % selon l’UNESCO –, mais dans ce pays majoritairement musulman, le taux d’alphabétisation des femmes chrétiennes n’est que de 34 %. Les chrétiens ne représentant que 2 % de la population totale du Pakistan, ils constituent une communauté déjà marginalisée et l’analphabétisme contribue encore plus à cet isolement et à cette obscurité dans laquelle ils vivent. L’alphabétisation donne aux femmes les moyens d’explorer des possibilités qui ne leur étaient jusque-là pas accessibles, en dehors des fours à briques, des usines et des fermes où, avec leur famille, elles travaillent de longues heures pour un salaire misérable – comme l’ont fait leurs ancêtres depuis de nombreuses générations.



Haniya n’avait que 12 ans quand son père a été tué dans un attentat suicide à la bombe contre une église catholique de Youhanabad perpétré au cours d’une célébration en 2015. L’explosion a fait 14 morts et 70 blessés, et le père d’Haniya était parmi les victimes.

Il allait régulièrement à l’église. Malheureusement, ce jour-là, il aidait le personnel de sécurité à l’entrée de l’église quand un kamikaze a essayé d’entrer à l’intérieur. Le kamikaze portait une ceinture d’explosifs, qu’il a déclenchée à l’entrée de l’église, raconte Haniya.

Alors que le père de Haniya n’était pas instruit et n’avait pas conscience des avantages de l’instruction, Haniya et sa jeune sœur se sont alors inscrites à un cours et ont commencé à apprendre à lire et à écrire. Le travail acharné de Haniya et son sérieux ont été évidents tout au long du cursus, notamment par sa façon de l’assimiler. Elle travaille aujourd’hui dans une usine de vêtements locale. A présent, je suis un peu responsable des vêtements que nous ramenons chez nous et que nous distribuons à d’autres femmes, car quand les vêtements nous sont expédiés après la coupe, je peux les trier par taille et en faire des ballots que j’étiquette. […] Et j’ai commencé à donner du travail à d’autres femmes de la région, sur lequel je reçois une petite commission.


La qualité de travail de Haniya a même impressionné d’autres salariés de l’usine et la direction fait régulièrement des commentaires sur ses performances. En plus de l’avantage concret que représente l’apprentissage de la lecture, les femmes qui terminent avec succès le cursus sont en mesure de lire la Bible par elles-mêmes. Haniya a eu l’honneur qu’on lui propose de lire la Bible lors de l’assemblée générale annuelle de la Société biblique du Pakistan, privilège qui l’a amenée à réfléchir au décès de son père et au chemin qu’elle avait parcouru. Mon père me manque. S’il m’avait vue lire la Bible dans la grande église devant l’assistance, il aurait été très fier. […] Je suis reconnaissante à nos responsables d’Eglise, aux enseignants et à la Société biblique du Pakistan d’avoir apporté un rayon de lumière dans notre vie assombrie par l’analphabétisme.


Après l’obtention de leur diplôme, le pasteur, l’enseignant et le superviseur de chaque élève sont chargés de leur suivi régulier afin de les responsabiliser et de les soutenir dans la poursuite de leur apprentissage. L’objectif de la PBS est que les élèves deviennent des membres de la société remplis d’ingéniosité, de dynamisme et d’assurance. Le projet aspire à ce que les élèves deviennent des lecteurs de la Bible instruits, capables de gagner un salaire raisonnable par leur travail et motivés pour envoyer leurs enfants à l’école.

Un autre de ces récits de vie ? Beena est une veuve de 76 ans qui s’est inscrite au cours, elle a 8 enfants et 27 petits-enfants, et elle a vraiment à cœur de les voir devenir de bons lecteurs.



Malgré la soif d’apprendre qu’elle avait dès son plus jeune âge, Beena n’a pas eu la possibilité d’apprendre à lire ou à écrire. Elle a obtenu un emploi de femme de ménage dans un hôpital et c’est ce qu’elle a fait pendant 46 ans, avant de prendre sa retraite en 2007. Après le décès de son mari en 2000, la région dans laquelle habitait Beena, à une trentaine de kilomètres à l’est de la frontière afghane, a été contrôlée par une structure sociale fondamentaliste appelée jirga, qui fonctionnait hors du cadre des lois et coutumes de l’Etat pakistanais. Le port d’armes à feu était libre, les enlèvements et les meurtres étaient fréquents et les femmes n’étaient pas autorisées à sortir seules. Il n’y avait pas une seule école pour filles dans cette région. L’éducation des filles était considérée comme immorale […]. Dans cette situation, l’éducation des femmes était impossible, explique Beena.


Bien que l’armée pakistanaise ait rétabli le contrôle de l’Etat dans la région en 2014 et supprimé le système des « jirga », les femmes ont continué à avoir du mal à s’intégrer plus librement dans la société et certaines restrictions ont persisté. En janvier 2022, notre pasteur est venu chez nous pour sa visite régulière (il venait une fois par mois depuis la ville de Peshawar) et il nous a annoncé que la Société biblique du Pakistan démarrait des cours d’alphabétisation pour adultes dans une église. Il nous a également dit que sa femme Robina donnerait les cours. Si vous acceptez de vous inscrire pour apprendre à lire et à écrire, je vous prendrai sous ma responsabilité, disait-il. Je suis allée voir mon fils aîné et lui ai demandé s’il me permettrait, ainsi qu’à mes belles-filles et à mes petites-filles, de m’inscrire au cours. Malgré les obstacles culturels à surmonter, Beena a plaidé en faveur de l’amélioration de l’instruction de sa famille et, grâce à l’aide de son fils, les femmes de sa famille ont pu suivre les cours. Nous avons commencé nos cours en février 2022 et à présent nous sommes reconnaissantes au Seigneur car 11 femmes de ma famille sont maintenant capables de lire la Bible. Nous avons démarré un groupe d’étude biblique dans la famille et nous lisons au moins 2 à 3 chapitres.


Beena et sa famille ont presque terminé le Nouveau Testament et elles sont impatientes de lire l’Ancien Testament. Le cursus, qui dure 9 mois, exige des élèves qu’elles assistent à des cours 6 jours par semaine, à raison de 2 heures par jour. Si elles le souhaitent, les femmes qui ont obtenu leur diplôme peuvent faire évaluer leurs compétences par rapport aux seuils éducatifs officiels, ce qui leur permet de poursuivre vers des études supérieures.

Au cours des 8 années écoulées, entre 2014 et 2021, 52 854 femmes ont obtenu un diplôme dans le cadre de ce projet. L’année dernière, en 2022, la PBS a fêté l’obtention par 5 655 élèves de leur diplôme dans le pays ; elle a remis à chacune un certificat de réussite et un Nouveau Testament en ourdou en gros caractères. La PBS prévoit qu’en 2023, 3 500 autres femmes chrétiennes obtiendront leur diplôme à l’issue de ce cursus.


Mon père me manque. S’il m’avait vue lire la Bible dans la grande église devant l’assistance, il aurait été très fier. […] Je suis reconnaissante à nos responsables d’Eglise, aux enseignants et à la Société biblique du Pakistan d’avoir apporté un rayon de lumière dans notre vie assombrie par l’analphabétisme.

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