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Jacques a dit.

La lettre de Jacques n’est pas destinée à une Eglise particulière, ni à un responsable de communauté. Elle se veut générale. Dans un langage vivant et énergique, aux images frappantes, elle offre une réflexion originale sur la foi et la manière de vivre en chrétien.

Après une brève salutation (1.1) vient le corps de la lettre (1.2-5.6). Jacques demande de prier pour recevoir la sagesse (1.2-8). Puis il passe en revue divers aspects de vie : la pauvreté et la richesse, les épreuves, l’écoute de la parole de Dieu (1.9-27). Il s’en prend aux écarts sociaux (2.1-13) et aborde enfin le centre de son message : la relation entre la foi et les actes (2.14-26). Il dénonce les maux issus du langage (3.1-12), définit la vraie sagesse (3.13-18), blâme les fauteurs de troubles et ceux qui se donnent le droit de juger les autres (4.1-17), attaque les riches qui exploitent leurs ouvriers (5.1-6). Il place sa conclusion (5.7-20) dans la perspective de la venue finale du Seigneur. Il engage à la patience, à la prière solidaire, au souci des personnes qui s’égarent.


Il n’y a pas de salutation finale. Il s’agit plus d’une homélie (ou une prédication) avec de belles formules poétiques, que d’une véritable lettre. Elle bouscule et encourage, d’où le grand nombre de verbes à l’impératif. Elle appelle à une vie chrétienne authentique, tant au niveau individuel que communautaire. Deux lignes de force la traversent : l’énergie de la parole de Dieu et la réponse de la foi. Elles se rejoignent toutes deux dans les ‘actes’ : mettez la parole de Dieu en pratique (1.22), littéralement devenez des créateurs de la parole.


Martin Luther considérait que la lettre de Jacques avait le poids d’une épitre de paille, comparée aux épitres de Paul. De fait, lorsque Jacques affirme que sans les actes la foi est chose morte (2.17-26), il semble s’opposer à Paul. L’opposition n’est qu’apparente. Paul reprochait à certains groupes de chrétiens de survaloriser l’observance de la loi de Moïse au détriment de l’accueil de la grâce du salut en Christ (voir Romains 3.28 ou Galates 2.16). Jacques, lui, dénonce une tendance à privilégier un discours sur la foi qui sauve au détriment de l’action issue de la loi parfaite qui rend libre (1.25). L’action est un rayonnement de la foi, la conviction est toujours actuelle.


Maintenant, qui est Jacques ? Selon une tradition du deuxième siècle, il est celui que le Nouveau Testament appelle le frère de Jésus (Matthieu 13.55, Marc 6.3) qui a été très tôt responsable de l’Eglise de Jérusalem (Actes 15.13-21, Galates 1.19), mort lapidé en 62 de notre ère. Peut-être. Quoi qu’il en soit, il s’adresse à des chrétiens imprégnés de culture grecque qui connaissent déjà certaines lettres de Paul mais aussi l’Ancien Testament (Abraham, Rahab, Job, Elie, le livre des Proverbes).


Jacques utilise un langage qui nous rappelle certains passages du livre du prophète Amos, en particulier lorsqu’il prend à parti les riches qui se moquent des exigences de la fraternité (2.1-13). A la suite de Jésus, il attaque ceux et celles qui amassent des trésors alors que la fin des temps est proche (5.3). Ce qu’ils recherchent, ce qu’ils défendent, se fait au détriment des pauvres : vous avez condamné le juste et mis à mort des innocents, ils ne vous résistent pas (5.6).


Dans le livre d’Amos, l’innocent (ou le juste) est synonyme de pauvre (Amos 2.6). La mise à mort évoquée ici (5.6) prend la forme d’injustices, de salaires de misère, de faim, d’endettement, etc. Les accusations se terminent par ils ne vous résistent pas. Serait-ce une allusion à la patience et à la confiance que les victimes ont en Dieu ? Ou bien à la condamnation de Jésus, le juste qui n’a pas opposé de résistance à ses accusateurs (voir Matthieu 27.19 ou Luc 23.47, à comparer à 1 Pierre 2.20-25) ? Quoi qu’il en soit, qui soit-il, Jacques nous invite à voir large, plus large.

'Sa lettre bouscule et encourage, d'où le grand nombre de verbes à l'impératif. En vrai, Jacques appelle à une vie chrétienne authentique, tant au niveau individuel que communautaire.'

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